Vulnérabilité du Burkina Faso et impacts potentiels
Les risques climatiques représentent une menace importante pour les moyens de subsistance et le bien-être des personnes vivant au Burkina Faso.
Les principaux risques climatiques fréquemment enregistrés au Burkina Faso sont les inondations, les poches de sécheresse, les fortes températures et les vents violents.
En ce qui concerne les sécheresses, le pays fait face à des poches de sécheresse et surtout aux irrégularités pluviométriques. Les fortes chaleurs sont très courantes et ont augmenté de 0,89 °C au cours de dix dernières années. La population est également sujette aux inondations avec une forte exposition.
Selon les projections des modèles climatiques, les sécheresses devraient rester stationnaires (poches de sécheresse) ou faiblement diminuer (début tardif et fin précoce des saisons des pluies et irrégularité des pluies) dans le futur proche. En revanche, on s’attend à ce que les inondations et les fortes chaleurs s’amplifient durant les périodes futures.
Les changements climatiques au Burkina Faso
L’analyse du climat actuel montre une tendance à la hausse de la température moyenne annuelle sur les trois (03) zones climatiques avec une augmentation de 0,2 °C par décennie à Dori et 0,3 °C par décennie à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso.
Les signaux les plus forts sont des augmentations significatives des fréquences des jours chauds et des nuits chaudes et une diminution de la fréquence des jours froids et des nuits froides.
Projections climatiques
Début, fin et durée de la saison des pluies
La moyenne d’ensemble des modèles projette un début généralement précoce des précipitations dans un futur proche et lointain sur le Burkina Faso. Dans un avenir proche, la partie Nord du pays pourrait connaitre un début précoce significative du début de la saison des pluies et ceci est plus prononcée dans le scénario SSP5-8.5. Dans le futur lointain, la plupart des régions de l’Ouest pourraient connaître un retard significatif des précipitations allant jusqu’à 5 jours.
Précipitations et évapotranspirations annuelles
Environ 80 % des modèles prévoient une augmentation des précipitations au Burkina Faso dans tous les scénarii et périodes considérées. Cette augmentation est significative dans toutes les régions avec une probabilité de 95 %. L’augmentation est plus prononcée à la fin du siècle et dans le scénario de fortes émissions (SSP5-8.5). Ce scénario montre une augmentation de plus de 20 % surtout dans la partie Nord du pays pour la période 2051-2080. Dans le scénario optimiste (SSP1-2.6), le pays pourrait connaître une augmentation minimale d’environ 5 % pour les deux périodes.
Température annuelle de l’air
La température de l’air devrait augmenter au Burkina Faso. La moyenne d’ensemble des modèles prévoit une augmentation significative de la température de l’air . La température augmente au fur et à mesure que les scénarii climatiques passent de faibles à fortes émissions et vers la fin du siècle. Les parties Ouest et Nord du pays connaîtront un réchauffement plus important, mais le Nord aura une augmentation plus élevée. Les parties du Sahel, du Nord et du Centre-Nord devraient augmenter d’environ 1,0°C (SSP1-2.6) 1,3°C (SSP2-4.5) et 1,5°C (SSP5 -8.5) dans un proche avenir.
Indice de sécheresse
On s’attend à ce que le nombre maximum de jours secs consécutifs dans certains endroits du pays sous SSP2-4.5 et SSP5-8.5 augmente dans un avenir lointain. En d’autres termes : des conditions de sécheresse pourraient survenir dans la partie occidentale du pays. Dans les parties centrale et septentrionale du pays, une diminution d’environ 1 jour est attendue.
Inondations et pluies extrêmes
La moyenne d’ensemble des modèles prévoit une augmentation de l’indice d’inondation au Burkina Faso. Tous les modèles s’accordent sur le signe de l’augmentation significative du risque d’inondation dans toutes les régions du pays.
Indice de chaleur
Tous les modèles s’accordent sur le changement prévu des jours de stress thermique au Burkina Faso. Les jours de stress thermique supérieurs à 41 ˚C sont susceptibles d’augmenter au Burkina Faso. Le nombre de jours varie en fonction du scénario et de la période. Le SSP1-2.6 montre la plus faible augmentation (jusqu’à 30 jours), tandis que le SSP5-8.5 présente la plus forte augmentation (jusqu’à 80 jours) pour la période 2021-2050.
L’augmentation des jours de chaleur pourrait accroître les risques sanitaires pour la population et réduire la capacité de travail.
Degrés-jours de refroidissement
Tous les modèles s’accordent sur le signe de l’augmentation significative des degrés-jours de refroidissement au Burkina Faso. Le nombre de jours par an augmente avec le niveau du scénario et s’accélère vers la fin du siècle.
Exposition de la population face aux changements climatiques
Environs deux millions de personnes au Burkina Faso pourront être affectées par les inondations dans les années à venir selon les scenarii SSP1-2.6 et SSP5-8.5. Ce nombre pourrait augmenter dans le scenario SSP2-4.5. Par ailleurs, environ 4 millions de personnes pourraient être exposées aux stress thermiques dans un avenir proche dans les scenarii SSP1-2.6 et SSP5-8.5. Sous le scenarii SPP2-4.5, le nombre de populations susceptibles d’être affectées pourra augmenter d’environ 4,5 millions dans la période 2021-2050 et de 7,5 millions dans la période 2051-2080.
Matrice avec les définitions du SSP pour les composantes démographiques et de capital humain pour le pays à forte fécondité
Scénario | Fertilité | Mortalité | Migration | Éducation |
---|---|---|---|---|
SSP1 | Faible | Faible | Moyen | Fort |
SSP2 | Moyen | Moyen | Moyen | Moyen |
SSP5 | Faible | Faible | Fort | Fort |
Des effets néfastes dans de nombreux secteurs
Au Burkina Faso, tous les secteurs de développement retenus dans le PNA présentent sans exception des facteurs de vulnérabilité face aux effets adverses des changements climatiques. Les risques majeurs par ordre d’importance étant les sécheresses, les inondations, les fortes chaleurs, etc.
Secteur | Facteurs climatiques | Impacts | Vulnérabilité | Risques |
Agriculture | Augmentation des températures, pluies intenses, inondations, sécheresse. | Pertes de récoltes et de moyens de production. | Vulnérabilités actuelle et projetée généralement très élevées. | Diminution des aires propices à certaines cultures dans certaines zones ; baisse de rendement de certaines cultures (riz, maïs, sorgho, mil), Salinisation des sols, pathologies végétales, hausse des prix des produits agricoles et augmentation de la présence ou apparition de nouveaux ravageurs. |
Élevage et ressources halieutiques | Augmentation des températures, pluies intenses, inondations, sécheresse. | Pertes de bétail, ressources halieutiques | Vulnérabilités actuelle et projetée généralement très élevées. | Diminution des aires fourragères dans certaines zones ; baisse de la production animales et halieutiques, pathologies animales, hausse des prix des produits de l’élevage et de pêche. |
Ressource en eau | Pluies intenses, températures élevées, faibles quantités de précipitation. | Pénurie d’eau | Une vulnérabilité généralement assez élevée. | Sècheresse, déficit hydrique, désertification, déficit en eau de surface, augmentation de l’érosion hydrique des sols. |
Infrastructures et habitat | Pluies intenses (orages), températures élevées, inondations. | Destruction d’infrastructures socioéconomiques, d’habitation, de transport et communication. | Absence d’étude à l’échelle nationale. | Augmentation du niveau de destruction des infrastructures. |
Santé | Pluies intenses, inondations, températures élevées (vagues de chaleur) et humidité élevée. | Pertes en vies humaines. | Manque de rapports et d’études à l’échelle nationale sur la question. | Augmentation des maladies à transmission vectorielle, alimentaire et aquatique, augmentation des maladies et décès liés aux vagues de chaleur. |
Énergie | Augmentation des températures, pluies intenses, inondations, sécheresse. | Efficacité réduite des centrales thermiques et solaires. Augmentation de la demande de refroidissement. | Une vulnérabilitéé généralement assez élevée. | Destruction des équipements et arrêt total de la centrale en cas d’inondation. Les températures élevées peuvent réduire l’efficacité des centrales thermiques et solaires. |
Environnement/Ressources naturelles | Augmentation des températures, pluies intenses, inondations, sécheresse. | Pertes du couvert végétal, baisse du potentiel de produits forestiers non ligneux. | Une vulnérabilité généralement assez élevée (247 145 hectares de forêt sont perdus chaque année au Burkina Faso) selon Burkina Info, 2021. | Dégradation progressive des sols agricoles ; Diminution des terres cultivables ; baisse de rendement de certaines cultures (riz, maïs, sorgho, mil), hausse des prix des produits agricoles et insécurité alimentaire. |
OSC | Augmentation des températures, pluies intenses, inondations, sécheresse. | Réduction des financements, diminution du dynamisme de l’organisation. | Une vulnérabilité généralement moyenne. | Risque de réorientation des objectifs assignés, risque de perte de financement au détriment des OSC engagés sur la protection de l’environnement. |
Genre | Augmentation des températures, pluies intenses, inondations, sécheresse. | Paupérisation | Vulnérabilités actuelles et projetées généralement très élevées. | Risque d’effritement de la cohésion sociale, d’effondrement de l’économie locale et d’augmentation de conflits sociaux. |
Quel est l’impact des changements climatiques sur les femmes et les filles ?
Les femmes dépendent davantage des ressources naturelles, mais y ont moins accès. Dans de nombreuses régions, les femmes assument une responsabilité disproportionnée dans l’approvisionnement en nourriture, en eau et en combustible. L’agriculture est le secteur d’emploi le plus important pour les femmes.
Pendant les périodes de sécheresse et de précipitations irrégulières, les femmes, en tant que travailleuses agricoles et personnes principalement en charge des achats, travaillent plus dur pour assurer les revenus et les ressources de leur famille. Ceci entraîne une pression supplémentaire sur les filles, qui doivent souvent quitter l’école pour aider leurs mères à gérer cette charge accrue.
Source : ONU Femmes